réponse à alec

semble si lointaine cette période où la vie lui paraissait si sereine. plénitude enterrée avec elle ; depuis qu'elle est partie plus rien n'est pareil. elle était l'âme de ces lieux et sans elle l'équilibre n'est plus. elle était le coeur de leur union, le centre de leur cohésion. et dans le deuil, en son absence, le lien s'est effrité sans qu'ils n'aient rien pu faire pour l'en empêcher. sans elle, le talamanca n'est plus ce qu'il a, de son temps, été. parce qu'elle savait si bien le faire vivre de ses rire et de sa bonté ; même si son essence y est enfermée dans les murs pour toujours et à jamais. elle lui manque ; même si elle prétend que ce n'est parfois pas le cas. même si son coeur est rempli de colère et de rancoeur. elle lui manque, souvent, beaucoup — trop. elle aurait tant de chose à lui dire, pense parfois qu'elle ferait bien de les lui écrire. pour se libérer, se confier, déverser toute cette haine qui n'a de cesse de la faire culpabiliser. qui sait, peut-être qu'en pardonnant elle sera de nouveau capable d'y mettre les pieds. de retourner vers sa soeur vers qui, chaque jour, se tournent ses pensées. elle lui manque, elle le sait, mais sa peine est gangrénée par les secrets. image d'une mère ternie par les non-dits, par ce passé qu'elle a gardé soigneusement dissimulé ; elle aimerait tant kika pouvoir la réparer, la voir comme elle l'a toujours fait, mais reste coincée sous le poids de son absence, de son silence. alors se terre au nord de son île avec le vain espoir d'un jour voir tout ressentiment disparaître. se cache car ne sait que fuir les problèmes qui, même ici la pourchassent. dans les mimiques de son petit ange qui la ramènent à celles de sa propre père, dans la rencontre imprévue de quelqu'un qui, lui aussi, l'a connu. tous deux quelque part confrontés dans le regard de l'autre à ce passé commun, elle reste heureuse de ce hasard kika. l'intérêt non feint pour cette vie dont elle ne fait plus tant partie ; plus autant qu'elle ne l'a été, tout comme lui n'est plus une constante dans ses journée. luna, oui.. se remémore ce couple prétendument mal accordé, quand pour elle les différences en font toute la beauté. triste quelque part d'apprendre qu'entre eux ça n'a pas fonctionné, sans vraiment comprendre si tout est réellement terminé. il est joli en tout cas, je suis sûre qu'il lui plaira, qu'importe ce qu'il signifie. se contente d'un sourire sans vouloir trop insister, devine le malaise qui naît sur ses traits, plus encore lors que le sujet de son travail est amené. sous-entendue cette trahison qui a eu raison de son amitié avec luz. luz vers qui se tourne à nouveau ses pensées, qui seule a dû gérer cette période estivale sans que kika ne soit là pour l'aider. c'est de ta faute, c'est toi qui a déserté. je me doute.. frileux est le sujet, tous deux le savent. tout aussi épineux sans doute que l'est celui de luz dont elle demande des nouvelles. et le myocarde qui se serre de la savoir si peu heureuse, si peu épanouie. pourtant pas franchement étonnée finalement, en son fort intérieur elle devait s'en douter. mais la claque reste la même face à la dure réalité. oh.. est la seule réponse qu'elle est capable de lui apporter face à un constat face auquel elle aurait finalement préféré ne pas être confrontée. vivre dans le déni, sa grande spécialité ; qui sait, peut-être est-ce là le réveil dont elle avait besoin ? je crois qu'on est deux, dans ce cas tu sais.. parce qu'elle est partie la première kika, qu'elle les a sans prévenir, sans rien dire, délaisser. plus que l'hôtel c'est sa famille qu'elle a abandonné et elle s'en veut chaque jour que fait. t'as pas à t'excuser auprès de moi, je t'en veux pas, je dirais même que je comprends, je crois... ne serait pas celle qui ira le juger, encore moins le blâmer. après tout elle aussi a trahi cet héritage qu'elle avait pourtant promis d'honorer, de faire perdurer.